La patience ( 1943) Balthus
XCVI. Le Vin du Solitaire
Le regard singulier d’une femme galante
Qui se glisse vers nous comme le rayon blanc
Que la lune onduleuse envoie au lac tremblante ;
Quand elle y veut baigner sa beauté nonchalante ;
Le dernier sac d’écus dans les doigts d’une joeur ;
Un baiser libertin de la maigre Adeline ;
Les sons d’une musique énervante et câline,
Semblable au cri lointaine de l’humaine douleur,
Tout cela ne vaut pas, ô bouteille profonde,
Les baumes pénétrants que ta panse féconde
Garde au cœur altéré du poëte pieux ;
Tu lui verses l’espoir, la jeunesse et la vie,
-
Et
l’orgueil, ce trésor de toute gueuserie,
Qui nous rend
triomphants et semblables aux Dieux !
XCVI.
The Solitary Wine Drinker
The
singular look of a gallant woman
Which
glides towards us like a white light
Which
the undulating moon sends to the trembling lake,
Where
she wishes to bathe her beauty nonchalantly;
The
last sack of crowns in the hands of a gambler;
A
libertine kiss from the skinny Adeline;
The
annoying and tender sounds of a popular song,
Which
seems to contain the distant cry of all human pain,
All
of this is not worth, o profound vintage,
The
penetrating balm of your fertile paunch
Reserved
in the fickle heart of the pious poet;
You
give him hope, youth and life itself,
- And
Pride, that treasure of all rabble-rousing,
And which
makes us triumph and feel just like one of the Gods.