LXXXIV.
L’IRRÉMÉDIABLE
I.
Une
Idée, une Forme, un Être
Parti
de l’azur et tombé
Dans
un Styx boubeux et plombé
Où
nul œil du Ciel ne pénètre;
Un
Ange, imprudent voyageur
Qu’
a tenté l’amour du difforme,
Au
fond d’un cauchemar énorme
Se
débattant comme un nageur,
Et
luttant, angoisses funèbres!
Contre
un gigantesque remous
Qui
va chantant comme les fous
Et
pirouettant dans les ténèbres;
Un
malheureux ensorcelé
Dans
ses tâtonnements futiles,
Pour
fuir d’un lieu plein de reptiles,
Cherchant
la lumière et la clé;
Un
damné descendant sans lampe,
Au
bord d’un gouffre dont l’odeur
Trahit
l’humide profondeur
D’éternels
escaliers sans rampe,
Où
veillent des monstres visqueuz
Dont
les larges yeux de phosphore
Font
une nuit plus noire encore
Et
ne rendent visibles qu’eux;
Un
navire pris dans le pole,
Comme
en un piège de cristal,
Cherchant
par quel détroit fatal
Il
est tombé dans cette geôle;
-
Emblèmes nets, tableau parfait
D’un
fortune irremediable,
Qui
donne à penser que le Diable
Fait
toujours bien tout ce qu’il fait!
LXXXIV.
The Irredeemable
An
idea, a form, a Be-ING
Originating
from the azure drops
Into
the bubbling Styx and descends
To
where no eyes from Above can penetrate;
An
Angel, an imprudent traveller,
Who
tempts a deformed love
Into
an overwhelming nightmare
And
negotiates it then like a swimmer,
Struggling
against all of the funerary anguish!
Against
a gigantic eddy,
Howling
like a loon,
Pirouettes
in the darkness;
Like
some poor bewitched fool
Searching
for a light or a key
Groping futiley
In
order to escape a den full of reptiles.
A
damned one descending without light,
On
the precipice where an odour
Betrays
a humid descent
Down
a spiralling staircase without railings,
Where
age terrible monsters
With
burning phosphorous eyes
Making
the night even more black,
And
only visible to them;
Like
a ship taken by one of the poles,
As
if in a crystal bobble,
And
searching for some fatal destination
Fell
into this prison;
A
pure sign then, or a perfect tableau,
Of
an irredeemable fortune,
Which
furnishes the thought that the Devil alone
Fashions meticulously, all of his creations.
II.
Tête-à-tête
sombre et limpide
Qu’un
cœur devenu son mirroir!
Puits
de Vérité, clair et noir,
Où
tremble une étoile livide,
Un
phare ironique, infernal,
Flambeau
des grâces sataniques,
Soulagement
et gloire uniques,
-
La conscience dans la Mal!
II.
Head-
to- head somber and limpid.
When
a heart becomes a mirror!
Well
of Truth, clear and dark,
Where
a sole livid star trembles.
An
ironic beacon, infernal,
A
Searchlight Satanic,
One
whose grace is unique,
-
Being the conscience of Evil!