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Thursday, October 28, 2021

XLV. THE CONFESSION - BAUDELAIRE 200 YEARS! ( 1821- 2021)






 

XLV. CONFESSION

 

Une fois, une seule, aimiable et douce femme,

À mon bras votre bras poli

S’appuya ( sur le fond ténébreux de mon âme

Ce souvenir n’est point pâli);

 

Il etait tard; ainsi qu’une médaille neuve

La pleine lune s’étalait,

Et la solennité de la nuit, comme un fleuve,

Sur Paris dormant ruisselait.

 

Et le long des maisons, sous les portes cochères,

Des chats passaient furtivement,

L’oreille au guet, ou bien, comme des ombres chères,

Nous accompagnaient lentement.

 

Tout à coup, au milieu de l’intimité libre

Éclose à la pale clarté,

De vous, riche et sonore instrument où ne vibre

Que la radieuse gaieté,

 

De vous, Claire et Joyeuse ainsi qu’une fanfare

Dans le matin étincelant,

Une note plaintive, une note bizarre

S’échappa, tout en chancelant

Comme une enfant chétive, horrible, sombre, immonde,

Dont sa famille rougirait,

Et qu’elle aurait longtemps, pour la cacher au monde,

Dans un caveau mise au secret.

 

Pauvre ange, elle chantait, votre note criarde:

“Que rien ici-bas n’est certain,

Et que toujours, avec quelque soin qu’il se farde,

Se trahit l’égoisme humain;

 

Que c’est un dur métier que d’être belle femme,

Et que c’est la travail banal

De la danseuse folle et froide qui se pâme

Dans un sourire machinal;

 

Que bâtir sur les cœurs est une chose sotte;

Que tout craque, amour et beauté,

Jusqu’à que l’Oubli les jette dans sa hotte

Pour les rendre à l’Éternité”

 

J’ai souvent évoqué cette lune enchantée,

Ce silence et cette langueur,

Et cette confidence horrible chuchotée

Au confessional du cœur.

 

 

 

 

XLV. Confession

 

One time, once only, amiable and gentle woman,

Upon my arm your polished arm

Leaned ( upon the darkest depths of my soul

This memory has not perished);

 

It was late; just like a newly minted medal

A full moon climbed,

And the solemness of the night, like a river,

Streamed over sleeping Paris.

 

And all alongside the houses, under the porte cochères,

Cats passed furtively,

Ears open, and some, like the dearest of shadows,

 Accompanied us slowly.

 

All of a sudden, in the middle of this intimate freedom

Bloomed in the pale clarity,

From you, rich and sonorous instrument through which only vibrated

A radiating gaiety,

 

From you, clear and joyous like a fanfare

 Carried on the sparkling morning,

A plaintive note, a bizarre note

Escaped, almost tottering

Like a puny, horrid sombre and ugly child,

Whose family is profoundly embarrassed,

And so which has been for a long time hidden away

In some secret cavern.

 

Poor angel, she sang, your crying note:

“As nothing below here is certain,

And as always, no matter how much one disguises,

Human egotism is revealed;

 

What an incredibly difficult métier it is to be a beautiful woman

And how it is the banal work

Of the pole dancer to smile mechanically

While she gyrates upon the stage.

 

How to plant herself in the hearts of men is but an idiot’s trade;

For everything cracks, love and beauty,

Only to devoured by the abyss lost in its sack

Where they will linger for eternity!”

 

I often evoke that enchanted moon,

That evening of silence and languor,

When I heard that horrible confession which you whispered

 Bearing to me your heart.         





 

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