Echange
avec Baudelaire
Le
Patriarche
L’enveloppe est
arrivée sous pli cacheté
Pour commémorer
les Pâques Sanglantes.
Il n'y avait
aucune trace de son nom de famille,
Qu'elle avait
gardé et qu'il avait toujours
Contrarié, en
dépit du fait qu’
Ils soient mariés
maintenant depuis plus de
Onze ans. «Le
connard! ...», dit-il.
Ce n’était plus
drôle, et d’ajouter
A l’insulte la
blessure d’une carte nue,
Une bête
signature, gribouillée
Sous des vœux
d’anniversaire basiques.
C’était sa marque
de fabrique ; d’être là même absent
Yeats l’avait
toujours dit, après chaque
Révolution ils se tournent vers les leurs
Le
Fondement
L'infinie position
est l'imminent péril de votre situation,
Telle devrait être
votre assise à chaque rencontre.
Car de cette
perspective peut venir l’égalité complète
L’horizontalité permettant
de se coucher avec l’autre,
Totalement libre
des pièges impossibles
Des tabous du vide
absolu ;
Les cercles damnés
engendrant des nausées verticales.
Les calculs
horaires des flux de glace liquide.
Les mers portant
des continents de plastique,
Dans lesquels nagent
ces poissons à l'anatomie durcie.
Le menu ainsi
proposé provoquera un cancer du testicule.
Aussi,
couchez-vous avec lui avec elle et céder à la tentation
De votre pure
vulnérabilité ; ils pourraient vous tuer d'un mot.
Ou, pour le reste
de vos jours, vous aider à reconstruire enfin le monde.
Trajet Matinal
Nous montons à
bord du train de banlieue arbeit macht frei
Entassés dans des
wagons étanches imprégnés de
L'odeur de
déodorant, de transpiration et de parfum bon marché.
À 8 heures du
matin, la majorité d'entre nous sont mezzo del cammin
La plupart des
hommes souffrent des intestins
Et de troubles de
la vessie, tandis que nos partenaires féminins
Sont
pré-ménopausées ! Dans le tourbillon de l’anéantissement, d'une
Façon ou d’une
autre, nous descendons. Le plus jeune parmi nous
Dors, les autres
tapotent nerveusement sur leur iPhone.
Un ou deux
seulement lisent ; nous devenons distinctement
Une race
excentrique, nous les lecteurs ! À cause de ça,
Je m'intéresse à
ma proche voisine.
Pieds nus dans des
brogues, comme moi elle tourne la page.
Les boutons de son
pardessus brillent comme un talisman.
Malgré l’anonymat,
certains d’entre nous atteignent toujours le sublime.
Volupté
Ô monumentale
langueur, membres héroïques,
Rabotés et sculptés
avec une amplitude silencieuse.
Entendez le bruit de
sa foulée, elle résonne encore,
Eclipsant toutes
les autres visions.
La magie intense à
nouveau, votre odeur ;
Le parfum de
l’édifice invisible.
Les sens
s’interrompent, se bousculent pour invoquer une structure,
Les banques lisses
et les piliers de vos cuisses en ivoire.
Cette
splendeur archéologique est ruineuse, et duale.
L'hypnose
se produisant à chaque souffle,
Vous tel un
démon murmurant à mon oreille.
Serpentine
– Excitation – Ensorcellement ;
Chaque mot
comme un somptueux sort.
Je ne fais
que suivre les signes, cherchant la divination.
Les
Grands Ciels Qui Font Rêver de l’Eternité
Et les grands
cieux qui vous font rêver d'éternité.
En ce mois de
septembre ensanglanté, cheminant
Dans
l’effondrement du palais estival.
Sa riche
tapisserie dorée de romarin et d’azur
Remplacée par des
boules de naphtaline et une araignée,
Leurs enseignes jonchent
les recoins humides
De votre sol, un
signe supplémentaire de la pourriture automnale,
Son éclat poli
éclairant à travers
Un immense
flambeau de lumière répandant son ivresse
Au-dessus des
champs couverts de rosée, pour ajouter du beurre
A l’anonymat de
mes compagnons de route,
Clarifiant leur
ordonnance, rayonnant contre
La banale toile de
fond d’une porte de toilette publique.
Et le souvenir de
l’odeur d’urine est encore présent à votre esprit.
Portrait D’une Jeune Femme dans le Train
« La douceur qui fascine et le plaisir
qui tue »
Baudelaire
C’est une
fausse blonde, son visage est l’image même de la jeunesse,
Que la vie
a semble-t-il encore épargné,
Tel le
miracle de la création. Son sac à main
S’accroche
à la douce armature de son bras,
Le cuir
noir meurtrier clouté
Par des
boulons en or poli, portant également
Les
saintes Runes d’un couturier célèbre.
Qu’y
a-t-il à l’intérieur de cet urbain Pandora ?
Pour toute
réponse, vous regardez en bas et suivez les ondulations
La gravité
de son collant, qui se déverse dans ses
Talons
phalliques, Elle est alors vêtue
Pour la
plaie infiniment ouverte que nous appelons la Vie.
Revenir
ensuite à ses yeux reflétant la mer d’Irlande,
Prise
maintenant d’assaut par des teintes mercurielles
Novembre
Mon métier
maudit en mémoire enlacée de soie
Les ombres
du rêve résolu et du cauchemar persistant.
Pourtant,
le détachement est subtil, une récompense temporelle
Pour une
délicate réparation génétique et spatiale.
À une
certaine distance du paradis se trouve un enfer modéré.
Les jours
n’assaillent ni ne portent, mais brisent
Les
collines comme la vision de ces oiseaux migrateurs
Des Black
Hills jusqu'en Afrique.
Beauté
fugitive, j'essaie de te retrouver le soir,
Du haut de
la folie sur la colline, où je peux observer
La charrue
labourant la mer noire du ciel et de la nuit.
Ou, cachée
dans le regard du chien qui l’accompagne,
Abandonnant
son étrange peur intime et son angoisse secrète,
Dans ses
yeux comme une âme et sa confiance absolue.
Le Train Qui Passe
A une
époque bruyante où la majorité hurle
Alors que
vous n’êtes intéressé que par la beauté muette
Qui vous
tend les mains
En sortant
du train, tandis que vous essayez de franchir
L’abîme
qui se niche silencieusement, comme un cerbère apprivoisé,
Entre
chaque passant.
La
profondeur de cet espace infinitésimal réduite à un regard
Qui a tant
intéressé Baudelaire.
L’éternel
vide d’une espérance
Encore
troublé par la gravité du flou
Et par
l’absence, qui semble l’entourer.
Toutes les
peurs recueillies si proprement rassemblées
Et si bien
compartimentées,
Mais au
profit de qui ? Et pour quel gain ?
L’immense majesté de vos douleurs
L’immense majesté
de vos douleurs
Trouve des
parallèles très haut dans l’espace
Au-dessus
de la gare de Houston, et continue
Le cours
sinueux de la rivière jusqu’à la
Saint James Gate ;
deux adresses merveilleuses
Grâce à la
perspective unique qu’elles offrent.
Vous
n’êtes qu’un piéton fragile, sortant
De la
dépendance abritant l’Asgard, sa magnifique carène
Hydrodynamique
cisaillant l’écume des nuages.
Novembre
éclaire une épiphanie hivernale.
Vos pieds
ne tiennent plus que par les ïambes.
Les
fantômes de l’histoire vous envahissent après la visite de la Collins
Barracks ; votre
passeport franco-irlandais et non britannique
Pour
échapper au cauchemar de ce passé.
La Tête du
Cerf
Pour Marie Heaney
Sans
doute, quand tu es venu ici, tête d’élan
Les bois
flottant au-dessus du comptoir en granit,
Les
pensées auraient pu se tourner vers Cooke, son
Mammouth
ressuscité vision fantomatique au-dessus de votre linceul.
La
première, et la dernière fois, que je vous ai vu
C’était à
ce même comptoir. L’endroit était bondé,
Le seul
tabouret de libre était à côté de vous. Imperturbable,
Je l’ai
pris et me suis assis près de vous ; le poète lauréat du prix Nobel.
Célèbre Seamus ! Pourtant, je n’avais pas encore d’avis
définitif vous concernant.
En prenant
le tabouret, je vous ai gâché la vue avec Le Monde
Comme un
idiot. Et puis, après un certain temps, vous vous êtes tourné vers moi.
Horrible
rencontre, être pris comme un lapin dans les phares.
Le visage
sur toi, scrutant la racaille. Et moi, pour une fois sans voix,
Je suis
resté planté là à regarder vos mains, ce qui pourrait me retourner le sang pour
la vie.
Commuer I
Un nuage
éphémère au-dessus de vous dans le firmament,
Novembre majestueux
allume un soleil resplendissant.
Le four
atomique renferme le mercure teinté
Faisant
briller le matin comme les braises d’un foyer de minuit.
Sous la
cosmicité de ce tableau tranquille
La figure
stoïque d’une jeune femme assise,
Ses jambes
graciles et fraîches enveloppées d’un collant et d’une paire de botte,
Les ongles
vernis, les doigts étendus comme des lézards,
Faisant
défiler le contenu de son iPhone,
En train
de lire des banalités postées par des clowns,
A
l’intérieur de la rame le silence est presque absolu.
Le
cheminement du train devient hypnotique,
Et la
seule voix qui rythme le trajet
Est celle,
enregistrée, annonçant les villes desservies.
Commuer II
Tremblant,
le piège roule aux matins naissants,
Les
images élégantes se déversent de
l’écluse
Toute la
langueur amoureuse d’un membre à l’autre,
Leur
souplesse, leur douceur et mystère.
Poupées de
Dieu ! Mais cette autre particule
relative
Rebondit
contre les murs pas si
Eloignée
des stratifications, telle une image animée
Ouverte
comme un coffre, soutenant le ciel.
La toile
de fond d’un Durer,
Ou d’un
autre peintre de l’école du Nord,
Tout le
mouvement mortel figé dans la lumière de la Baltique.
Les champs
liquides de votre vue avec les coupes blanches
D’une
seule voile mon beau navire et
soudain
Votre
peignoir devient pythagoricien.
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